Le Monde de Franquin
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À la recherche du trait absolu
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Philippe Quéveau
Témoignage de Philippe Quéveau, auteur de "Presque Tout Franquin"
 
   
Qu'est-ce qui vous frappe dans la technique de Franquin ?

J'ai rencontré Franquin quand j'avais 14 ans. C'est la rencontre avec l'homme qui m'a fait m'intéresser à son œuvre dont je suis devenu progressivement collectionneur monomaniaque ! Ce qui m'avait particulièrement frappé c'est la façon qu'il avait de se documenter à fond avant de dessiner la moindre case, qu'il s'agisse du comportement animal ou du fonctionnement mécanique d'un engin. D'un point de vue technique, son travail est parfait. Ainsi, tout ce qui doit fonctionner du point de vue mécanique fonctionne. J'ai des vieux dessins de Franquin datant des années 40, de tanks notamment, et on voit qu'il les a observé "pour de vrai", très attentivement. J'ai un autre exemple que j'ai découvert dans son  atelier lorsqu'il s'est intéressé aux baleines que Gaston essaie de protéger : il travaillait à partir de maquettes de baleiniers. Ses bateaux sont de vrais baleiniers et pourtant on ne les voit que pendant quelques cases !

D'autant que Franquin avait cette particularité exceptionnelle de voir ses actions en relief et de les dessiner en trois dimensions. Il pouvait expliquer très précisément ce qui était en arrière-plan et en avant-plan et surtout ce qui était dans le dessin sans y être. C'est ainsi que pour une seule case, il dessinait tout un tas de choses autour, qui participaient de l'histoire, l'influençaient, étaient même indispensables pour que le dessin fonctionne, même si elles n'apparaissaient pas dans la case finale. Ainsi, chaque case pouvait donner lieu à trois quelques feuillets de croquis très denses.

C'est pourquoi ses animaux sont si "réels" ?

Oui, j'ai l'exemple de la fameuse mouette de Gaston. Franquin était capable de parler pendant des heures, rien que sur l'aspect biomécanique du battement de l'aile et l'anatomie du volatile. Il me parlait même du dessous de l'aile repliée, qu'on ne peut évidemment pas voir dans un dessin en deux dimensions. Et bien que sa mouette soit caricaturale, elle est juste.
Le premier dessin de Franquin a été publié en 1935 dans le quotidien "La nation Belge" dans le cadre d'un concours de dessins.
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